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La Commission européenne a longtemps envisagé la disparition des pièces de 1 et de 2 centimes d’euros pour différents paiement. Le projet pourrait occasionner d’importantes économies au budget de l’Etat. Mais en contrepartie, le portefeuille des Français risque de prendre un autre coup dur. En pleine inflation, la suppression des deux pièces roses fait douter les syndicats. Faut-il s’en inquiéter ? Les détails dans cet article.
Suppression des pièces de 1 et 2 centimes d’euros dans les paiements en espèces ?
La suppression des pièces de 1 et 2 centimes a été abordée depuis plusieurs mois. Au courant des années 2020-2021, MoneyVox a consulté 17 000 participants pour se faire une idée. Au total, 72 % des personnes interrogées ont affirmé que les pièces de 1 et de 2 centimes ne sont pas utiles.
La Commission européenne en charge de cette mesure ne s’est pas encore prononcée. Cette dernière devait donner sa décision ce mois de décembre. Mais à cause de l’inflation, la mesure ne se fera pas avant des mois.
« Il n’y a rien de nouveau sur la suppression des pièces de 1 et 2 centimes », a déclaré une source de la Commission européenne interrogée par nos confrères.
Cependant, la Commission n’a pas tout à fait abandonné le projet. Dans quelques mois, elle devrait « proposer une législation mettant fin à l’émission de pièces de 1 et de 2 cents et introduire des règles communes en matière d’arrondi ».
Paiement : un doute qui plane en pleine inflation
À l’heure actuelle, 5 pays d’Europe n’utilisent plus les pièces de 1 et 2 centimes d’euros dans leur paiement en espèces. Ce sont la Belgique, la Finlande, l’Irlande, l’Italie et les Pays-Bas. La France, quant à elle, a voulu temporiser cette mesure qu’elle ne juge pas prioritaire pour le moment. D’ailleurs, cette année, 300 millions de pièces de 1 et 2 centimes ont été frappés dans le pays.
La CGT a déclaré dans un communiqué que les petites pièces roses offraient la possibilité « d’avoir un prix au plus près de la valeur réelle du bien majorée de la marge commerçant ».
Aussi, face à la perte de pouvoir d’achat, la disparition des petites roses inquiète le syndicat. D’autant plus qu’en 2023, le taux d’inflation risque d’atteindre la barre des 7 %.
Si le dispositif se concrétisait, la CGT craint que les commerçants vont « arrondir les prix à leur avantage exclusif. (…) Alors que tous les consommateurs de la zone euro sont confrontés à une inflation sans précédent, ils ne comprendraient pas que la disparition des pièces de 1 et 2 centimes soit arrêtée dans un tel contexte alors même que cette disparition risque d’aggraver l’inflation. »
« Dans les faits, ce sera forcément inflationniste »
La suppression des pièces de 1 et 2 centimes permettrait à l’Union européenne de réaliser des économies. L’exécutif européen avait notamment indiqué dans un rapport de 2018 les « coûts élevés de production et de traitement » de ces pièces.
Selon l’économiste Jean-Paul Betbeze :
« Cette monnaie coûte plus chère qu’elle ne vaut. »
Une pièce de 1 centime a un coût de fabrication de 1,65 centimes d’euros. Une pièce de 2 centimes, quant à elle, coûte 1,94 centime. La Commission européenne soutient que la fabrication de ces pièces a engendré une dépense de 1,4 milliard d’euros entre 2002 et 2013.
« On pourrait se demander à quoi sert une monnaie qui est déficitaire ? (…) D’après moi, ces deux pièces sont une monnaie de vigilance. Il y a un effet psychologique qui vous pousse à être plus attentif sur les prix et la manière dont les arrondis sont effectués. Cela permet aux gens de prendre conscience de la valeur de leur argent, » a précisé Jean-Paul Betbeze.
Face à l’inflation, les Français sont de plus en plus soucieux de leur portefeuille. Pour répondre à la crainte des consommateurs, la Commission européenne a pensé à une réglementation pour arrondir les paiements.
« En théorie, les commerçants devront arrondir les prix aux 5 centimes les plus proches (en dessous pour les centimes se terminant par 1-2-6-7 et au-dessus pour les 3-4-8-9), avec l’accord des acheteurs. Et ce, seulement pour le paiement en espèces, puisque cartes et chèques resteront au centime près, » explique Jean-Paul Betbeze.
Mais le revers de la médaille est non négligeable. L’économiste poursuit en disant :
« Dans les faits, ce sera forcément inflationniste. Au lieu d’être à 9,99 euros, un produit passera ainsi à 10 euros, soit une hausse de 0,1 % ».