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Après une augmentation de 15 % du prix du gaz et de l’eau, le prix de l’eau subit les retombées de la crise énergétique et de l’inflation. À partir du 1er janvier, le tarif de l’eau va monter dans plusieurs communes. En collaboration avec les syndicats des eaux, plusieurs collectivités ont voté l’ampleur de ces augmentations en fin 2022. Au programme, des hausses hétérogènes dont certaines peuvent avoisiner les 20 %. Est-ce vraiment inévitable ? À quels changements faut-il s’attendre sur la facture d’eau ? Découvrez dans cet article toutes les réponses à vos questions.
Crise énergétique, sécheresse, inflation
La flambée du prix de l’énergie a engendré des augmentations de tarifs un peu partout en France. Cette fois, c’est au tour de l’eau. Pour cause, les machines et les pompes pour son traitement sont très gourmandes en électricité. Or, le prix de cette dernière n’a pas cessé de grimper.
Les centrales de traitement de l’eau potable ont aussi un besoin urgent en investissement. Selon le maître de conférences en économies et expert de l’eau à l’université de Lorraine, Alexandre Mayol,
« Le réseau commence à vieillir et donc il faut le renouveler, et ça, c’est quelque chose de très coûteux, et ça aussi ça peut expliquer l’augmentation des prix. Et vous le savez, le prix des matériaux a augmenté ».
Thierry Gallard, président du syndicat de l’eau de l’Anjou, a confié dans les colonnes du Parisien qu’ « un plan d’investissements de 107 millions d’euros » a été prévu pour assister le secteur de l’eau.
Ce projet est tombé à l’eau depuis « la convergence tarifaire que nous commençons cette année pour que tous paient le même prix » et la hausse générale des prix.
« L’inflation a perturbé nos plans. C’est elle qui fait gonfler la facture, » a souligné Thierry Gallard.
En effet, les produits pour l’assainissement de l’eau coûtent 10 %, voire 30 % plus cher. Tel est l’exemple du charbon actif et du chlore. La situation est aggravée par une disponibilité toujours en baisse à chaque année.
« La France connaît actuellement une période de sécheresse intense, » a expliqué le Ministère de la Transition écologique.
Inflation : une montée de prix hétérogène
« Nous faisons face à une multiplication par 4 des tarifs de l’électricité passant entre 2021 et 2023 de 98 euros le MWh à 428 euros », a alerté Boris Ravignon, président de l’Ademe et maire LR de Charleville-Mézières.
En toute logique, les centrales de gestion d’eau ne sont plus en mesure de garder les mêmes tarifs qu’avant. Les coûts de production ont augmenté.
Mais selon TF1,
« Le prix de l’eau va rester très différent d’une commune à l’autre, car il n’y a pas de réglementation nationale en France. Chaque collectivité a sa propre stratégie. »
De plus, la situation des conduites d’eau n’est pas la même dans toutes les régions.
Ces prix sont délibérés par le Conseil municipal de chaque commune. À l’heure actuelle, les plus hautes hausses enregistrées concernent les villes de Cotentin (Manche) avec 6,2 %, Roubaix (Nord) avec 9,5 %, de Clermont-Ferrand (Puy-de-Dôme) avec 10 %, de Thouras (Deux-Sèvres) avec 11 % et de Charleville-Mézières (Ardennes) avec 13 %.
Des solutions en vue pour régler la situation
« Nous n’avons pas d’autre choix que d’augmenter les prix », a annoncé le vice-président PS de la métropole en charge du cycle de l’eau, Christophe Vial.
Conséquence inévitable : la facture d’eau va augmenter pour les particuliers. Les professionnels accusent le coup. En plus de l’inflation sur le prix des matières premières et de la montée en flèche du prix de l’énergie, voilà que le prix de l’eau a augmenté.
Cette situation présage une nouvelle vague d’inflation des produits et des matières premières. Pour cause, l’agriculture est le premier secteur qui consomme le plus d’eau (45 %). En comparaison, le besoin en eau potable pour la consommation en France est estimé à 21 %. Sans mentionner le grand besoin en eau des industriels.
Afin de freiner cette hausse, plusieurs associations d’élus sollicitent l’aide de l’Etat. Des aménagements exceptionnels sont nécessaires. Après tout, les structures de gestion d’eau ne sont pas protégées par le bouclier tarifaire.
« Pour l’instant, nous ne sommes pas pris en charge par le bouclier tarifaire, car nous fonctionnons en régie et non comme une entreprise. Mais nous attendons plus de visibilité sur ce plafonnement, qui passerait par décret, » a affirmé Christophe Vial.
Pour l’heure, celui-ci reste prudent.
« Pour ne pas prendre de risque, nous augmentons les prix au 1er janvier, quitte à faire une révision à la baisse en cours d’année ».