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La Première Ministre devait normalement présenter ce projet de loi dès le 7 décembre. Mais le gouvernement a préféré assurer ses arrières en peaufiner son projet de réforme des retraites. Ainsi, Elisabeth Borne a pu rencontrer les partenaires sociaux pour discuter des évolutions incluses dans ce texte. Aussi, le 3 janvier, elle se disait favorable au dialogue.
« Ces concertations sont utiles. À chaque fois, on écoute les questions, les observations, les remarques. Les discussions continuent. 65 ans, ça n’est pas un totem. »
En effet, la question de l’âge légal de la fin de carrière divise l’opinion, comme la classe politique. La cheffe du gouvernement a finalement dévoilé les détails de cette réforme ce mardi 11 janvier. Et chacun se demande quand il pourra arrêter de travailler.
Les règles changent au fil des générations
Pour l’heure, la réforme des retraites présentée par Elisabeth Borne reste encore au stade de la discussion dans l’hémicycle. D’ailleurs, il ne s’agit pas du premier chantier de ce genre. Ainsi, en 2014, la réforme Touraine devait déjà permettre de sauver notre système de retraite, en faisant des efforts progressifs.
Aussi, pour l’heure, l’âge légal des départs en retraite atteint déjà 62 ans. Et la réforme des retraites à venir devrait le repousser à 64 ou 65 ans. Mais outre l’âge, vos droits à la retraite reposent essentiellement sur les annuités pour lesquelles vous avez cotisé tout au long de votre carrière. Ainsi, le système prévoit déjà un recul progressif de l’âge de la fin de carrière. Il s’organise en fonction des années de naissance de chacun. Et chaque génération doit justifier d’un certain nombre de trimestres validés.
Par exemple, les personnes nées entre 1964 et 1966 doivent avoir cotisé 169 trimestres ou plus. En revanche, pour ceux qui ont vu le jour entre 1967 et 1970, ce chiffre grimpe à 170. La durée maximale pour obtenir une retraite à taux plein, monte à 43 ans (172 trimestres) pour les Français nés après 1973. Et il s’agit du fonctionnement actuel de notre système de pension. Avant même la réforme des retraites discutée ces jours-ci.
L’âge légal et le nombre de trimestres requis pour une retraite à taux plein
Mais attention ! Comme tout le monde n’a pas commencé sa carrière en même temps, tout le monde n’en finira pas au même âge. Par exemple, prenons le cas d’une personne née en 1975. D’après les règles en vigueur aujourd’hui, elle devra justifier de 172 trimestres (43 ans) pour toucher sa retraite à taux plein. Finalement, la réforme (actuelle) des retraites ne fera qu’acter la précédente.
Si l’on prend l’exemple d’un employé qui a commencé à travailler à 18 ans, sans interruption de carrière, on arrive à 61 ans. Vous remarquerez que ce chiffre reste inférieur à l’âge légal de départ (62 ans). On peut donc s’imaginer, si rien ne change, que cette personne pourra bénéficier de sa pension à taux plein qu’à 62 ans. Bien sûr, cette estimation ne tient pas compte d’éventuelles interruptions de carrière, sans autre possibilité de cotiser. Cet exemple se base ainsi sur un parcours professionnel complet et continue durant 43 ans. D’ailleurs, le projet de réforme des retraites ne devrait pas augmenter les annuités requises.
Cela dit, de nombreuses personnes commencent leur carrière plus tardivement. Notamment, ceux qui se lancent dans de longues études. Si on prend le cas d’une personne née en 1975, mais n’ayant commencé à travailler à temps plein qu’à 21 ans, après son diplôme, la fin de carrière paraît bien différente. Dans le cadre de cet exemple, le travailleur ne pourra s’arrêter qu’après 172 trimestres pour toucher l’intégralité de sa pension. Il aura alors 64 ans.
En suivant ce raisonnement, on comprend que l’âge légal de départ en retraites n’a qu’une importance relative. Surtout face aux annuités exigées pour percevoir une pension à taux plein. De nos jours, ceux qui mettent fin à leur carrière sans avoir atteint le nombre de trimestres requis subissent une décote de leurs droits. Ils perçoivent donc des mensualités plus faibles, pour avoir le droit de s’arrêter plus tôt.
À l’inverse, ceux qui atteignent le nombre de trimestres requis avant l’âge légal doivent continuer leur carrière jusqu’à l’avoir atteint. En contrepartie, ils profitent d’une majoration de leur pension. Et ce, à hauteur de 1,25 % par trimestres supplémentaire validé.
Toutefois, après 67 ans, le système de décote disparaît. Il faut cependant avoir la santé et la condition physique nécessaire pour travailler jusqu’à cet âge. Mais la réforme des retraites va-t-elle bouleverser tout ce système ?
Elisabeth Borne dévoile enfin la réforme des retraites
Dans un climat social et politique incandescent, la cheffe du gouvernement a préféré communiquer, en jouant la carte de l’apaisement. Elle a donc souhaité rassurer les Français, en soulignant les acquis qui ne bougeront pas.
« Nous maintiendrons à 67 ans l’âge auquel les personnes peuvent partir à la retraite sans décote, quelle que soit leur durée de cotisation. (…) Nous allons conserver et améliorer le dispositif des carrières longues en le rendant plus juste et plus lisible. »
Sur ce point, la Première Ministre a même précisé que ceux qui ont entamé leur carrière avant 16 ans pourront partir dès 58 ans. Et ceux qui ont rejoint le monde du travail avant 18 ans, pourront bénéficier de la retraite dès 60 ans. Cela dit, rappelons qu’il faudra pouvoir justifier de ces trimestres cotisés en début de carrière, pour prétendre à un départ plus précoce. La réforme des retraites prévoit finalement un certain nombre d’exceptions. Là encore, elle opèrera un recul progressif de l’âge légal de la fin de carrière. En entrant en vigueur avant l’été 2023, elle ne pourra avoir d’effet qu’à partir de 2030. Date à laquelle il faudra avoir 64 ans pour quitter le monde professionnel.
Mais la bataille s’annonce difficile pour le gouvernement. En effet, une certaine grogne sévit déjà dans l’opinion, mais aussi du côté des syndicats. La CFDT n’a pas hésité à affirmer son opposition dans un récent tract
« 64 ans, c’est non. Cette mesure est brutale et profondément injuste. Elle va contraindre des millions de personnes à travailler plus, sans gagner plus. Ce sont les salariés qui ont commencé à travailler tôt et/ou qui ont souvent des carrières modestes qui vont payer le prix de cette réforme. Pire, il n’y a pas de problème dramatique de financement de notre système de retraites qui justifie une telle mesure. »