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Depuis quelques mois, la réforme des retraites fait la une des journaux. En effet, depuis son premier mandat, Emmanuel Macron ambitionne de revoir notre système de fin de carrière. L’objectif ? Préserver un système, dont les finances, serait trop fragiles pour tenir à l’avenir. Sur les plateaux télé, des Ministres comme Bruno Le Maire, ou Olivier Dussopt se succèdent pour défendre cette réforme des retraites. Comme l’espérance de vie moyenne des Français a augmenté, le gouvernement estime que nous devons travailler plus longtemps. Mais outre le recul de l’âge légal, cette réforme intègre plusieurs nouveautés concernant la santé des salariés. Ainsi, le suivi médical et la prévention vont prendre une place prépondérante dans le monde du travail.
Réforme des retraites : un texte présenté sous haute tension
La responsabilité de porter cette réforme revient à notre Première Ministre, Elisabeth Borne. Pour qu’elle puisse mener à bien cette mission, son passage devant l’Assemblée Nationale a donc été reporté du 7 décembre au 10 janvier. Entre temps, la cheffe du gouvernement a ainsi eu le temps de rencontrer les partenaires sociaux et de discuter avec eux. Aussi, elle affirme que le dialogue reste ouvert sur les retraites.
» Sur tous ces sujets, on continue à discuter avec les organisations patronales et syndicales, et avec les différentes formations politiques qui sont représentées au Sénat et à l’Assemblée nationale. »
Cependant, cette réforme des retraites rencontre une farouche opposition. Ainsi, Philippe Martinez, de la CGT, n’a pas hésité à afficher son désaccord sur BFM TV.
» C’est quand même fort de café d’expliquer qu’on va travailler deux ans de plus et que c’est du progrès social, alors ça, il faut être balèze pour sortir des trucs comme ça. »
En effet, si le gouvernement envisage de repousser l’âge légal des départs en retraites, il prévoit aussi d’autres évolutions. L’objectif ? Éviter ce qu’on appelle l’usure professionnelle. En effet, si les travailleurs doivent prolonger leur carrière, leur santé doit faire l’objet d’un soin particulier.
La prévention au travail
Le porte-parole du gouvernement, Olivier Véran a lui-même annoncé la nouvelle ce 10 janvier 2023.
» C’est une nouveauté : désormais, grâce à un avis médical, il sera possible de partir plus tôt.”
D’après lui, cette mission reviendra à la médecine du travail. En effet, en cas de problème de santé, certains pourraient obtenir leurs retraites de façon anticipée. Cette visite médicale, prévue par la réforme, doit avoir lieu dès l’âge de 61 ans. Elle concerne uniquement ceux qui exercent des métiers pénibles.
Pour l’heure, cette obligation concerne déjà de nombreux salariés, approchant de la fin de carrière. Mais dans ce nouveau projet de loi, la visite médicale agira en complément d’une prévention, tout au long de la carrière.
» Aujourd’hui, on veut prévenir l’usure professionnelle. Je préfère qu’on se pose la question pendant la carrière d’un salarié de savoir comment faire pour éviter qu’il ait les reins brisés. Plutôt que de constater les dégâts à 60 ans et de dire à la personne qu’elle peut partir plus tôt. »
Réforme des retraites : quels dispositifs contre l’usure professionnelle ?
Les travailleurs peuvent parfois mettre leur santé en jeu lors de leur activité professionnelle. À long terme, certains métiers mènent à une usure, sur le plan physique et mental. Or, il existe de nombreux facteurs qui peuvent entraîner ce genre de problème. On parle d’usure professionnelle quand le processus de vieillissement naturel connaît une accélération. Or, elle ne concerne pas que les personnes sur le point de percevoir leurs retraites. Selon la CARSAT, ce phénomène peut toucher toutes les tranches d’âges.
Pour limiter l’usure professionnelle, il existe pourtant des solutions. On peut ainsi prévenir les risques de TMS et de cancers professionnels. Pour cela, il faut cependant bénéficier d’un suivi médical régulier, et adopter les bons gestes. À l’inverse, les salariés qui ignorent ces symptômes risquent de devenir inaptes au travail. Et ce, avant qu’ils puissent profiter de leurs retraites. En effets, certains métiers s’avèrent très pénibles : horaires décalés, bruits, chocs, port de charges lourdes…
Comment fonctionnera ce suivi médical renforcé ?
En présentant le projet de réforme des retraites, la Première Ministre a évoqué la nécessité de :
« prendre en considération l’usure professionnelle liée aux conditions d’exercice de certains métiers. »
À l’avenir, la santé des travailleurs devra rester la priorité.
« Nous devons mieux reconnaître l’impact d’autres contraintes sur la santé des travailleurs, notamment le port de charges lourdes ou les postures pénibles. »
La réforme des retraites prévoit ainsi des visites médicales régulières. L’objectif ? Repérer les symptômes, mais aussi accompagner les travailleurs vers leur avenir. Selon les cas, on pourrait donc autoriser des départs anticipés. Mais tous les problèmes n’entraînent pas forcément d’inaptitude totale au travail. Aussi, le dossier de presse du projet de réforme des retraites traite aussi des reconversions.
» Une nouvelle utilisation du compte professionnel de prévention sera créée avec la possibilité de financer un congé de reconversion permettant de changer de métier plus facilement. »
Pénibilité du travail et retraites
De nos jours, l’État reconnaît la pénibilité d’un métier à l’aide de 6 critères. Chacun d’entre eux permet de cumuler un certain nombre de points, qui influe sur les retraites des travailleurs concernés. Ils incluent :
- Le travail en équipes successives alternantes. Cela correspond, par exemple, aux ouvriers qui font « les 3×8 ».
- L’exposition au bruit.
- Les températures extrêmes.
- Le travail répétitif (comme sur les chaînes de production des usines).
- Le travail de nuit. Ce rythme concerne de nombreux secteurs comme la branche médicale, la sécurité, ou encore la propreté.
- Les activités menées en environnement hyperbare (hautes pressions).
Dans le cadre de la nouvelle réforme des retraites, Olivier Véran a indiqué que ces critères de pénibilité seraient élargis.
» Des concertations vont avoir lieu pour tenir compte de plus de critères possibles. Par exemple, pour le moment, il faut travailler 120 nuits par an pour avoir des points de pénibilité. Ça va passer à 100 nuits. »
Du côté des syndicats, les attentes se situent toutefois au-delà des dispositifs annoncés par le gouvernement. Ainsi, pour la CGT, ces mesures restent insuffisantes.
» Cette réforme va frapper de plein fouet l’ensemble des travailleurs, et plus particulièrement ceux qui ont commencé à travailler tôt, les plus précaires, dont l’espérance de vie est inférieure au reste de la population. Et ceux dont la pénibilité des métiers n’est pas reconnue. Elle va aggraver la précarité de ceux n’étant déjà plus en emploi avant leur retraite, et renforcer les inégalités femmes-hommes. »