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Le 13 janvier dernier, se tenait la journée mondiale de l’hypersensibilité. Cette particularité touche certaines personnes, et concerne la façon dont elles vivent leurs émotions. Il ne s’agit pas forcément d’un trouble ou d’une maladie mentale. Mais plutôt d’une condition, qu’il vaut mieux appréhender pour en faire un avantage. Comment savoir si êtes hypersensible ? Quels signes doivent vous alerter ? Apprenez à détecter les signes qui comptent. En effet, de nombreuses personnes ignorent tout de l’hypersensibilité. On fait le point tout de suite.
Hypersensible : un terme à utiliser avec précaution
Si chacun sait ce qui passe dans propre tête, tout le monde ne peut pas s’improviser psychiatre. Il convient donc d’aborder ce sujet avec une certaine prudence. Une personne très sensible, ne présente pas forcément une personnalité hypersensible.
Sur le plan clinique, cette condition renvoie aussi à différents diagnostics, comme l’hyperémotivité. En cas de doute, ou de difficultés au quotidien, il vaut mieux se tourner vers un professionnel de santé. En effet, l’auto-diagnostic peut s’avérer plutôt risqué. D’après le Docteur Nicolas Neveux, spécialisé en psychiatrie, il faut donc se méfier des mots à la mode. Tout le monde ne peut pas se décrire comme hypersensible.
« On utilise très souvent le terme d’hypersensibilité, dans des contextes différents. Toutefois, les notions auxquelles il correspond ne sont pas toujours clairement définies. De ce fait, de nombreuses personnes hypersensibles ne sont pas reconnues dans leur souffrance. »
Les signes qui doivent vous mettre la puce à l’oreille
Néanmoins, dans les définitions communément admises, une personne hypersensible réunit souvent ces signes :
- La sensation de rester en décalage avec le reste du monde
- La tendance à ruminer ses émotions, ou les évènements passés.
- L’hyper-empathie. Cela signifie qu’un hypersensible va toujours faire plus attention aux autres, plutôt qu’à lui-même.
- Le besoin d’affection
- L’absence d’esprit de compétition
- La peur du conflit
- Tendance à rire ou à pleurer, à une fréquence bien plus soutenue que la moyenne.
- Le besoin de s’isoler régulièrement.
Dans la vie courante, cela se traduit ainsi par la sensation d’évoluer à contre-courant. Ou encore le sentiment d’avoir une personnalité inadaptée au regard du reste de la société, d’après le philosophe Frédéric Midal.
» L’hypersensible a le sentiment d’être sur l’autoroute en sens inverse. »
Comment reconnaître un enfant hypersensible ?
Interrogée par nos confrères de TF1, le psychanalyste Saverio Tomasella estime que les enfants peuvent aussi présenter cette particularité.
» Tous les enfants naissent sensibles, c’est le propre de l’être humain. »
Mais pour un jeune hypersensible, s’adapter à une société dans laquelle la compétition et l’individualisme représentent la norme, peut s’avérer difficile. Pour autant, il ne s’agit pas forcément d’un handicap.
» Une fois adultes, ils deviendront plus créatifs et développeront une fibre artistique certaine ».
D’après Savério Tomasella, le qualificatif hypersensible s’accompagne souvent d’une connotation péjorative.
» Comme un couperet et la désignation d’un vilain défaut. L’enfant qualifié d’hypersensible n’est-il pas forcément timide, rougissant, écorché vif, colérique, susceptible, et plus encore ? Dans la réalité, les enfants très sensibles le sont simplement plus que la majorité des individus. »
D’après le psychanalyste, il convient surtout d‘aider l’enfant hypersensible à s’épanouir, en acceptant sa nature, sans le stigmatiser.
» Le grand risque serait de le considérer comme une maladie et, de vouloir gommer toutes ses caractéristiques comme autant de symptômes à faire disparaître. »
On peut ainsi distinguer un hypersensible de différentes façons. Notamment sa tendance à :
« vivre ses émotions de façon plus intense et plus variée, qu’elles soient agréables ou pénibles ».
Mais, cette condition peut aussi représenter un atout de taille. Les personnes concernées peuvent compter sur :
» leur empathie, leur intuition, leur créativité, leur originalité, leurs émotions fortes ou encore leur sens du détail ».
Des personnes qui jouent un rôle crucial dans notre société
Si la vie d’un hypersensible peut parfois sembler difficile, le philosophe Frédéric Midal estime qu’elle peut impacter toute la société.
» Ils sont ceux qui, en temps de guerre, ou en temps de danger, perçoivent plus rapidement les dangers que les autres. En temps de paix, elles perçoivent par exemple que telle ou telle plante va permettre de guérir, alors ce n’est pas toujours confortable pour eux, mais dans l’équilibre général, c’est absolument essentiel. »
Le mieux reste encore d’apprendre à accepter la personnalité d’un hypersensible, pour qu’il puisse en tirer les meilleures vertus.
» Ce qui nous pèse, c’est ce qui est désigné comme un problème. Alors un conseil, il faut à tout prix dédramatiser et dire aux parents : prenez votre temps et apprivoisez la sensibilité de votre enfant. »
À quoi ressemble la vie d’un hypersensible ?
Dans les relations avec autrui, ces personnalités font donc preuve d’une vigilance accrue. On note ainsi une vraie loyauté en amitié, mais aussi en amour. Et ainsi, des souffrances accrues en cas de ruptures. Dernièrement, TF1 a pris la peine de recueillir des témoignages sur le sujet. Sarah, une jeune femme hypersensible, a donc répondu aux questions des journalistes.
» En fait, on est surstimulé tout le temps. C’est comme si on était à vif. C’est comme si on était une grande table de mixage et que tous les curseurs étaient au maximum, donc c’est comme si toutes les émotions étaient décuplées. »
Dans Femme Actuelle, Franck, hypersensible lui aussi, décrit sa condition comme un atout.
» Je suis très sensible à ce qui sonne faux dans une attitude, à commencer par la mienne quand je suis tenté de jouer un rôle pour être dans la tonalité ambiante, lors de réunions professionnelles, par exemple. Heureusement, j’aime mon métier. Si j’avais dû me colleter aux vicissitudes d’un travail moins sur-mesure, j’aurais explosé. Malgré mon besoin de solitude, je sacralise l’amitié. »
Si vous pensez avoir une nature hypersensible, rien ne sert de la cacher ou de l’étouffer. Si cette situation vous fait souffrir, n’hésitez pas à consulter un spécialiste. L’objectif ? Apprendre à vivre avec votre hypersensibilité. Mais aussi, à en faire un avantage dans votre vie de tous les jours. D’après l’experte Sophie Clergue, un hypersensible doit apprivoiser ces particularités.
« Un travail de fond avec un thérapeute lui permettra de s’assumer et de développer son fort leadership intérieur. Ensuite, toutes sortes d’outils peuvent l’aider à trouver sa place. Le monde a besoin des hypersensibles : ils sont courageux, résilients, engagés et s’insurgent contre les injustices. »