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Les consommateurs ont de plus en plus tendance à lire les informations des produits sur les emballages ainsi que leur prix au kilo. Mais ces données sont-elles vraiment fiables ? La réponse est donnée par une enquête récente de la Répression des fraudes. La DGCCRF pointe des anomalies sur la quantité des produits vendus en supermarchés. Beaucoup ont été réduits, sans en informer le consommateur. La pratique a déjà été dénoncée par l’association Foodwatch, en 2022. Découvrez les détails dans cet article.
Supermarchés : quand la quantité réelle et le poids affiché du produit ne concordent pas
En fin d’année 2022, la Répression des fraudes a lancé une enquête dans 31 usines de conditionnement. Parmi celles-ci, 7 présentent une quantité réelle de produits différente de ce qui est affiché sur l’emballage. Selon la ministre déléguée au Commerce et à la consommation, Olivia Grégoire,
« 10% des établissements n’avaient pas fait changer le prix au kilo quand la quantité du produit avait diminué ».
Le problème touche les produits de ménage et d’hygiène des supermarchés. Mais comme l’on peut s’y attendre, les produits alimentaires sont les plus concernés. C’est par exemple le cas du café, des charcuteries, de la farine, des frites, du lait, des pâtes, du sucre, des yaourts, etc.
Ces pratiques étudiées par la Direction générale de la Concurrence, de la Consommation et de la Répression des fraudes (DGCCRF) sont scandaleuses. Selon Bercy, il s’agit en général de « négligence nuisant à la bonne information des consommateurs ».
De nombreux industriels, confrontés par la remarque, ont préféré garder le silence. Beaucoup rejettent la faute sur la hausse des coûts de modification des emballages.
Est-ce une pratique légale ?
Il n’est pas interdit de réduire la quantité des produits ni de les vendre plus chers dans les supermarchés. Ce phénomène du nom de « shrinkinflation » est une technique commerciale assez courante. C’est lorsque le poids du produit diminue quand son prix est maintenu ou augmenté.
« Ce n’est pas un procédé illégal, ni immoral. Je pense d’ailleurs qu’il peut y avoir quelques avantages. Il faut bien se rendre compte que les portions ont énormément augmenté ces trente dernières années. On revient aux portions normales d’il n’y a pas si longtemps, » affirme Pierre Chardon, professeur de marketing à l’Institut européen d’administration des affaires (INSEAD).
La plupart du temps, les consommateurs ne remarquent pas la réduction de proportion dans les supermarchés, mais ils ne sont pas dupes. D’après l’association Foodwatch « Changer le poids en catimini, pour augmenter le prix au kilo sans changer le prix à l’unité, ça énerve le consommateur ».
Pierre Chandon a fait le même constat.
« Les industriels qui pensent que les consommateurs ne vont pas le voir se trompent assez souvent. Je ne suis pas convaincu que ça soit toujours dans l’intérêt des industriels. Un des soucis, c’est qu’en tant que consommateur, on a tendance à penser que les quantités sont fixes, alors qu’elles ne le sont pas, » a-t-il lancé.
Olivia Grégoire précise que le client doit être « alerté de façon claire et transparente ». En effet, parfois, les changements opérés ne sont pas du tout déclarés.
« Quand il y a contrôle, et qu’on observe que ces établissements n’ont pas changé les étiquettes de prix au kilo, il y a une amende. Elles ont été données, nous continuons à suivre cela, » a prévenu la ministre.
Bientôt une application pour choisir vos produits en supermarchés
Afin de régler ce problème de transparence, le ministère de l’Économie travaille sur une résolution à long terme. Une première solution vise à persuader la grande distribution de toujours bien mentionner les modifications de leurs produits (poids et quantité).
Le gouvernement voudrait aussi donner aux consommateurs la possibilité de signaler de telles anomalies sur le site Rappel Conso. D’ailleurs, dans quelques mois, cette plateforme de rappels produits sera bientôt disponible en application mobile.
L’association Foodwatch est tout à fait d’accord sur les solutions avancées par le ministère.
« La transparence aura la vertu de donner aux consommateurs le choix de continuer à consommer ce produit ou à se tourner vers la concurrence », souligne celle-ci.
Foodwatch a tout de même regretté que l’enquête ne soit pas plus élaborée. L’association sait bien que cette « inflation masquée » est partout si l’on regarde bien dans les supermarchés. Elle trouve que les autorités devraient par exemple aussi s’intéresser aux emballages surdimensionnés ainsi qu’aux baisses des formats des aliments.